Personnes handicapées vieillissantes : des besoins spécifiques mal mesurés selon la Cour des comptes

Publié le 13 septembre 2023 par Emma Lepic
De 2011 à 2019, le nombre de personnes de plus de 50 ans percevant l’AAH a augmenté de 55 %.

Les lacunes dans les accompagnements des plus de 50 ans porteurs de handicaps sont importantes. C’est ce que pointe la Cour des comptes, l’autorité de contrôle des politiques publiques dans son dernier rapport thématique. Les services à domicile ou places en établissement manquent largement à l’appel pour répondre aux besoins de cette population en augmentation croissante.

Les personnes handicapées vieillissantes sont de plus en plus nombreuses. Le nombre de bénéficiaires de l’AAH de plus de 50 ans a bondi de 55 % entre 2011 et 2019. De même, celui des personnes de cette tranche d’âge accueillies en établissement a progressé de 50 % entre 2010 et 2018.

Cette évolution démographique tient à deux phénomènes. D’abord, l’allongement de l’espérance de vie des personnes en situation de handicap. Mais aussi l’arrivée à cet âge-là des personnes nées dans l’après-guerre, les baby-boomers.

Des “angles morts” dans la compensation

Le phénomène était donc prévisible. Mais, selon la Cour des comptes, il n’a pas été pris en considération par les politiques publiques. Résultat : les besoins spécifiques de ces hommes et femmes se voient mal pris en charge observent les sages de la rue Cambon. Leur constat sans appel fait l’objet d’un rapport, rendu public le 13 septembre.

Le traitement de ces personnes est inégalitaire par rapport à la population générale. À commencer par un accès aux soins plus compliqué. Mais la Cour des comptes évoque aussi des « angles morts » dans la compensation du handicap. Particulièrement en matière d’accompagnement.

Services et établissements : des insuffisances notoires

Ce soutien social, voilà justement ce qui fait le plus défaut. En raison du manque d’une « offre graduée » de services à domicile, d’abord. Les rapporteurs calculent ainsi que seules quatre personnes sur dix (41 %) accèdent aux services dont elles auraient besoin.  Ensuite, la situation est aussi complexe pour celles orientées vers un établissement : seules six sur dix trouvent une place conforme (60%).

Autant d’occasions de vivre des « ruptures de parcours », que la Cour des comptes regrette. Exemple : les travailleurs d’Ésat ne sont pas suffisamment préparés à leur mise à la retraite et à la situation nouvelle qui sera la leur, déplore l’institution. Y compris en ce qui concerne leur lieu de résidence : celui-ci étant souvent rattaché à leur lieu de travail, quitter leur poste les conduit à changer de lieu de vie.

Enfin, alors que les Éhpad constituent la solution d’accueil la plus répandue pour les publics dans des situations complexes de dépendance, la Cour des comptes estime qu’ils manquent de moyens adaptés à la prise en charge des personnes en situation de handicap.

Des recommandations pour éviter les ruptures de parcours

Le constat dressé, les rapporteurs émettent des préconisations. Comme développer davantage de services à domicile. Ils devront être divers et présenter des solutions graduées. Mais aussi améliorer les accompagnements lors des transitions, le passage d’un établissement médico-social du champ du handicap à un Éhpad, par exemple.

Des Éhpad qui, insistent les sages, devraient disposer de davantage de moyens pour offrir une prise en charge et des activités adaptées à ces personnes. Enfin, pour combler le déficit de connaissance statistique de cette population, la Cour des comptes invite à la création d’un observatoire national du handicap.

Comment 1 commentaire

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Bonjour,
Un des principaux problèmes lié à l’age, concernant les personnes handicapées, est très certainement la suppression de l’AAH arrivé à l’age de la retraite pour les personnes en dessous de la limite des 80% !
En effet, le passage de l’AAH à un hypothétique minimum vieillesse, notamment compte tenu de la récente et bienvenue fin de la prise en compte des ressources du conjoint concernant l’AAH, va avoir pour conséquence une chute extrêmement importante du niveau de vie pour un très grand nombre de personnes handicapées !
Espérons que les associations vont se mobiliser sans tarder pour exiger que le bénéfice de l’AAH ne cesse plus à l’age de la retraite, quelque soit le taux d’incapacité.
Copello
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