Animaux et handicap : « J’ai changé sa vie »

Aujourd’hui, c’est la Journée mondiale des animaux et j’en profite pour témoigner. Qui a dit qu’il ne manquait aux chiens que la parole ? Lisez plutôt… Grâce à moi, qui l’accompagne partout, ma maîtresse en situation de handicap est plus autonome et elle n’a plus peur du regard des autres.

« Je m’appelle Jimba, j’ai 9 ans. Je suis une chienne d’assistance. J’accompagne Margaux, ma maîtresse, depuis sept ans. On forme un vrai petit couple ! Elle avait 16 ans quand on me l’a confiée. Oui, oui, c’est à moi qu’on l’a confiée et pas l’inverse. C’est pas moi qui le dis, c’est elle, puisqu’elle me qualifie d’ange gardien.

Avant mon arrivée, elle était toute timide. Elle restait dans son coin, elle se focalisait sur ses douleurs. Il faut dire qu’elle en a beaucoup, à cause de sa maladie : le syndrome d’Ehlers-Danlos^*.

De la jeune fille timide en fauteuil roulant, elle est devenue une personne enviable, et sacrément chanceuse d’avoir un chien aussi chouette que moi ! Je l’ai rendue joyeuse et ambitieuse. À tel point qu’elle est devenue vice-présidente de HANDI’CHIENS, l’association qui m’a formée. Elle voudrait que tout le monde ait la chance d’avoir un de mes congénères à ses côtés.

Je sais faire des trucs incroyables

Il faut croire que je ne lui rends pas que des services pratiques, ceux qu’on m’a appris à l’école d’Alençon d’où je viens. Bien sûr, je sais faire des trucs incroyables : ramasser ses lunettes sans les casser, récupérer la minuscule attache de boucle d’oreille qu’elle a faite tomber, lui apporter le téléphone quand il sonne… Et même, le plus dur pour moi : ouvrir la porte du réfrigérateur sans subtiliser les saucisses qu’elle a achetées pour me récompenser.

Bien sûr, tout ça, ça lui est super utile parce que sa maladie cause une foule de problèmes articulaires. Elle est tout le temps en train de se déboîter quelque chose. On la croirait plus vieille que moi alors qu’elle n’a que 23 ans.

Même quand elle ne veut pas, je lui enlève ses chaussettes

On a aussi une espèce de vie intime, toutes les deux. Je l’aide à se déshabiller. Ça lui donne la liberté de se coucher quand elle a envie, sans dépendre d’un auxiliaire de vie. Bon, j’avoue : parfois, quand elle glandouille dans le canapé, même quand elle ne veut pas, je lui enlève ses chaussettes. Je les planque dans le jardin.

Elle ne m’en veut même pas. Sûrement parce que je lui apporte un sacré réconfort. Surtout quand elle souffre. Elle dit que grâce à moi, elle a diminué sa consommation de morphiniques.

Les résidents me caressent tout le temps

Je vais tous les jours au travail avec elle. Elle vient de prendre son premier poste. Elle est directrice adjointe d’un Éhpad à Deauville. C’est drôlement chouette parce que les résidents me caressent tout le temps. Et j’ai un jardin pour prendre l’air pendant qu’elle se plonge dans ses dossiers.

Il paraît qu’elle n’a eu aucun mal à me faire accepter. De toute façon, elle dit qu’elle préfère ne pas être reçue si on ne veut pas de moi. Voilà pourquoi sur son CV, on est en photo toutes les deux !

Comme on vit au bord de la mer, elle m’offre une vie de chien aussi. Je cours sur la plage, je me baigne… Il y a juste un truc, en vieillissant, je supporte de plus en plus mal les centres commerciaux. Alors, quand elle décide de faire du shopping, je pose une RTT et je dors dans le canapé. »

^* Les syndromes d’Ehlers-Danlos sont des maladies héréditaires rares du tissu conjonctif qui aboutissent à une souplesse anormale des articulations, une peau très élastique et des tissus fragilisés.