Julien Richard-Thomson, président du SPCH : « Le cinéma français doit être plus inclusif »

Publié le 23 mai 2024 par Claudine Colozzi
Les personnes en situation de handicap sont insuffisamment représentées dans le secteur du cinéma. Que ce soit devant ou derrière la caméra. © Freepik

Alors que le film Un p’tit truc en plus a dépassé les trois millions d’entrées en salles, et que le festival de Cannes bat son plein, le Syndicat des professionnels du cinéma en situation de handicap (SPCH) publie une tribune pour sensibiliser à un cinéma plus inclusif. Julien Richard-Thomson, son président, insiste notamment sur la nécessité de réformer le statut des intermittents du spectacle.

Julien Richard-Thomson, cinéaste, scénariste et président du SPCH. ©DR

Faire-face.fr : Aviez-vous anticipé le succès du film d’Artus Un p’tit truc en plus ?

Julien Richard-Thomson : En général, le public apprécie les comédies et les feel good movies. D’ailleurs, l’humour et le handicap cohabitent souvent au cinéma. La recette est connue. Et dans les mois à venir, il y a fort à parier que de nombreux films tentent de surfer sur la même veine. Je m’en réjouis. Grâce au succès du film d’Artus, nous disposons d’une fenêtre pour faire évoluer les mentalités. Et, qui sait, donner du travail à d’autres comédiens en situation de handicap.

F-f.fr : le Syndicat des professionnels du cinéma en situation de handicap (SPCH) publie une tribune sur le site de Libération. Vous participez à une table ronde dans le cadre de la 9e Semaine du cinéma positif à Cannes le 24 mai. Les choses commencent-elles à bouger ?

J. R-T : Le SPCH œuvre dans ce sens ! Nous avançons sur les sujets de l’accessibilité des œuvres et des salles en partenariat avec le Centre national du cinéma (CNC). Mais nous n’en sommes qu’au début. L’insertion professionnelle reste un sujet peu abordé. Les personnes en situation de handicap ne sont pas assez représentées dans ce secteur. Que ce soit devant ou derrière la caméra.

Concilier le statut d’intermittent et l’AAH

F-f.fr : Comment l’expliquez-vous ?

J. R-T : Rien n’est fait pour que les personnes handicapées se projettent dans ce type de métier, voire on leur déconseille d’y aller. Cela commence dès les écoles de cinéma. Car la réalité est que ce métier se prête mal aux aménagements. Adapter un poste de travail pour un mois de tournage peut se révéler coûteux. Mais il faut inciter les producteurs à s’engager davantage. Un bonus “inclusion” accordé aux projets présentés ou réalisés avec des personnes handicapées pourrait peut-être commencer à changer la donne.

F-f.fr : Vous préconisez également une réforme  du statut des intermittents du spectacle. Pouvez-vous préciser ?

J. R-T : Nous pensons que les professionnels reconnus travailleurs handicapés (RQTH) doivent obtenir le statut d’intermittents après 250 heures annuelles, et non 507. Et il faudrait aussi voir comment concilier le statut d’intermittent et une aide comme l’AAH. Pour ne pas qu’ils se retrouvent sans allocation pendant plusieurs mois après avoir obtenu un rôle ou un emploi sur une production.

Donner davantage de travail aux comédiens handicapés

F-f.fr : Comme le montre le film d’Artus, il y a un vivier de comédiens en situation de handicap. Faut-il arrêter de confier des rôles de personnes handicapées à des comédiens valides ?

J. R-T : Je ne suis pas dogmatique sur la question. Certains projets ont besoin de noms et de comédiens dits “bankables” pour se monter, même si les choses ont des chances de bouger avec ce récent succès. Ce qui est sûr c’est que le cinéma doit donner davantage de travail aux comédiens handicapés. Et le faire sans s’attarder dans les scénarios sur leur handicap. Il n’y a pas à justifier pourquoi la personne est en fauteuil par exemple. On a oublié le handicap de Jamel Debbouze. Faisons de même avec tous les acteurs !

Consulter la liste des 100 premiers signataires de la tribune parue sur le site liberation.fr

Comment 3 commentaires

Bonjour je suis moi-même en situation de handicap..j’aimerai trop réaliser un film sur le handicap une sorte de comédie musicale qui donne la pèche et nous fait avancer.
J’ai eu la grâce d’avoir eu le faire part de naissance de mon fils Lucas signé et écrit par jjg , bonne idée, un message fort sur la vie..bonne route, elles sont belles…
Vous pouvez me contacter pour que puisse m’exprimer j’habite chatillon sur Chalaronne un très joli village ds le département de l’Ain où je suis moi-même Bénévole à la Ligue contre le cancer Antenne de Châtillon sur Chalaronne 01400 après le décès de ma maman d’un cancer..
Cordialement S’Ain Serment Solidaire Séverine Lacroix SSSS

je suis très très surprise de votre orientation actuelle
les loisirs les JO tout va bien
on a des films sur les handicapés qui font un carton donc tout va bien
bordel
je sais que ce journal a toujours oublié les invalides
les personnes qui ont travaillé pendant plus de 10 ans et qui ont été déclarées invalides
avis d’un médecin une commission etc
désormais la majorité des pensions d’invalidé est inférieure à l’AAH
et maintenant comme souvent les pensionnés en invalidité doivent attendre une revalorisation éventuelle de leur pension, quand l’AAH l’est de suite, on doit attendre 5 à 6 mois
c’est normal
c’est tuer ce régime des travailleurs
et vous n’en parlez pas
je m’insurge

Vous avez le droit de vous insurger… mais si vous tapez invalidité dans le moteur de recherche, vous verrez que nous traitons ce sujet. Idem dans notre magazine. CDLT

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