Audrey Sauvajon, présidente de l’association La tête haute : « Marin continue de se battre »

Publié le 16 avril 2021 par Claudine Colozzi
À Lyon, le 11 novembre 2016, en venant en aide à un couple en train de se faire agresser, Marin, alors âgé de 20 ans, se retrouve dans le coma après avoir été roué de coups.

Le 11 avril, l’association La tête haute, je soutiens Marin a publié une courte vidéo dans laquelle le jeune homme évoque l’agression qui l’a laissé lourdement handicapé. Cette vidéo vient conclure une campagne, lancée en janvier 2021, pour promouvoir le civisme. Son message ? « Oser dire non contre la violence pour garder #latetehaute ». Audrey Sauvajon, maman de Marin et présidente de l’association, nous donne des nouvelles de son fils.

Faire-Face.fr : Deux ans après notre première rencontre à l’occasion de la sortie de votre livre, la première question que l’on a envie de vous poser est : comment va Marin ?

Audrey Sauvajon : Comme beaucoup de personnes vulnérables, Marin ne vit pas très bien la crise sanitaire que nous traversons. Il se sent isolé et très frustré de ne pas pouvoir rencontrer ses amis comme il le voudrait. À 24 ans, on a envie de sortir, de partager de bons moments entre copains. Comme tout est à l’arrêt, il est aussi en manque d’activités sportives. Du fait de ses difficultés à se concentrer, il a du mal à lire, par exemple. Alors, il cède à la facilité des écrans, la télévision ou son téléphone. Et ce n’est pas forcément une bonne chose.

La vie de Marin aujourd’hui

F-F.fr : Son mode de vie lui convient-il ?

A.S : Marin est en accueil de jour dans un établissement qui s’occupe de personnes cérébrolésées comme lui. Mais il commence à se lasser, à en avoir fait le tour. Et en plus, il est très sensible à la douleur des autres. Côtoyer des personnes plus touchées que lui le peine énormément.

Le côté très positif est qu’il vit dans son propre appartement situé dans le même immeuble que le mien. Nous habitons sur le même palier ! Ainsi il peut vivre de manière autonome avec l’aide des auxiliaires de vie qui sont très présentes (30 heures par semaine) et proches de nous.

F-F.fr : Où est-il dans sa rééducation ?

A.S : Il faut consolider les acquis, mais les médecins disent que Marin ne progressera pas davantage. Je ne l’accepte pas. Pour moi, il doit pouvoir continuer à évoluer, même si les avancées sont minimes. Mon objectif est qu’il aille bien sur la durée. L’idée n’est pas non plus de le mettre en échec.

La situation de l’association

F-F.fr : Vous avez mis en ligne sur les réseaux sociaux une vidéo de Marin qui clôt une campagne contre les violences. Comment se porte votre association ?

A.S : Je ne vous cache pas que le contexte est difficile. En 2020, nous avons pu organiser un seul événement sur les huit programmés pour récolter des fonds. Et permettre à l’association de continuer d’exister. Nous en avons absolument besoin pour continuer d’aider Marin. Et pour aider les traumatisés crâniens qui se battent au quotidien pour retrouver leurs capacités cérébrales.

Malgré tout, nous avons pu mettre en œuvre cette campagne « Oser dire non contre la violence pour garder #latetehaute » afin de sensibiliser au civisme, à la solidarité et au handicap. Nous avons des soutiens qui nous restent fidèles.

L’association a toujours le Coffret d’Aide aux Patients (CAP), mis gratuitement à la disposition des familles de personnes victimes d’un traumatisme crânio-cérébral (TCC). Mais en ce moment, vu le contexte sanitaire, nos actions dans les services de réanimation sont remises à plus tard.

Comment 1 commentaire

Marin, j’ai 4 enfants de 23 à 29 ans.Tu as eu du courage, tu as osé dire non alors même que tu étais seul.Pour ton acte héroïque tu as été remercié et célébré , même le président t’a remis une médaille.Cependant la justice de notre pays a permis à ton agresseur de bénéficier d’une peine légère en raison de sa minorité.C’est de nouveau un message de clémence qui est envoyé et qui met nos enfants en grave danger.Quand la violence et l’acharnement d’une agression ressemble à une tentative d’homicide, et que les séquelles sont importantes, comment peut-on faire preuve de clémence ?je n’ai plus confiance en la justice de mon pays.Et il m’est impossible dans ces conditions d’une quelconque mansuétude, encore moins de pardon.Serrons nous les coudes, soyons solidaires, l’union fait la force.

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