Le plein emploi pour les personnes handicapées, un objectif louable mais encore lointain

Publié le 14 novembre 2022 par Emma Lepic
Huit personnes sur dix (79 %) des personnes handicapées inactives le sont depuis au moins trois ans, 22 % de plus qu’au sein de la population générale.

À quand le plein emploi pour les personnes en situation de handicap ? C’est le thème de la 26e édition de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH), qui s’ouvre le 14 novembre. Or, leur durée d’inscription parmi les demandeurs d’emploi augmente. Et le nombre de celles en activité est près de deux fois moins important qu’au sein de la population générale.

C’est un objectif fixé par le président de la République à son Gouvernement. D’ici la fin du quinquennat, en 2027, le plein emploi doit être atteint. Il le sera si le taux de chômage est ramené à 5 %. Il s’établit aujourd’hui à 7,4 % pour la population générale et à 14 % pour les personnes en situation de handicap. En écho, les organisateurs de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) ont retenu cette thématique de plein emploi pour l’édition 2022.

Un important taux de chômage de longue durée

Parallèlement, des travaux sont menés pour réformer Pôle emploi. En effet, il s’agit de créer une nouvelle entité, baptisée France Travail. L’objectif affiché : apporter à chacun l’accompagnement personnalisé dont il a besoin. Ce qui relève de l’urgence pour les personnes en situation de handicap éloignées de l’emploi. À ce jour, les politiques publiques de l’emploi ne les prennent pas en compte.

En témoigne leur taux de chômage de longue durée. Plus d’un demandeur d’emploi en situation de handicap sur deux (59 %) l’est depuis plus d’un an. En 2022, la durée d’inscription moyenne à Pôle emploi est de 910 jours, contre 919 en 2021, mais 883 en 2020, 846 en 2019 et même 832 en 2018. Autrement dit, les demandeurs d’emploi porteurs de handicap restent au chômage de plus en plus longtemps.

Un éloignement durable du marché du travail

Suite logique, leur taux d’activité reste faible. En 2017, à peine un tiers (35,4 %) des personnes disposant d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) occupait un poste. Établi à 36 % en 2020, ce pourcentage ne progresse pas. Il est presque deux fois moins important qu’au sein de la population générale, où près de deux actifs sur trois travaillent (65 %).

Tout ceci traduit un éloignement durable du marché du travail. Huit personnes sur dix (79 %) des personnes handicapées inactives le sont depuis au moins trois ans, 22 % de plus qu’au sein de la population générale. Certains, à l’instar des créateurs de l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée*, parlent donc de personnes « privées » d’emploi.

Plusieurs facteurs compliquent encore le retour à l’emploi des personnes en situation de handicap. Bien sûr, leur état de santé parfois. Mais aussi des freins qui n’ont rien à voir avec leur pathologie.

Des facteurs de discrimination : le handicap et l’âge

À commencer par leur niveau de qualification. Sept personnes sur dix (68 %) des demandeurs d’emploi en situation de handicap ont un niveau supérieur ou égal au BEP. Mais des préjugés leur ferment encore de nombreuses portes. Le handicap demeure le premier motif de saisine de la Défenseure des droits, et une fois sur deux (49 %) sur une question liée à l’emploi. Enfin, la moitié des demandeurs d’emploi en situation de handicap a plus de 50 ans, ce qui constitue, aussi, potentiellement, un autre facteur de discrimination.

Dans plusieurs de ses récentes interventions publiques, Olivier Dussopt, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, le reconnaît : l’objectif du plein emploi va conduire à accompagner des personnes qui en sont particulièrement éloignées et qui, jusque-là, étaient laissées de côté. Les demandeurs d’emploi en situation de handicap pourraient le prendre au mot.

* Une expérimentation lancée en France en 2017, ayant pour but de lutter contre le chômage de longue durée à l’échelle de territoires.

APF France handicap mobilisée pour les exclus de l’emploi

À l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) dont le thème est “À quand le plein emploi pour les personnes handicapées ?”, l’association APF France handicap attire l’attention sur les 460 000 demandeurs d’emploi en situation de handicap qui en sont très éloignés. Parmi eux,  59 % se trouvent en chômage de longue durée.

Avant de viser le plein emploi, ne faut-il pas se pencher sur le cas des personnes quasi invisibles, qui désirent travailler mais qui en sont empêchées ? C’est cette problématique que l’association met en lumière dans son dossier “Les exclus de l’emploi en situation de handicap, angle mort des politiques publiques du plein emploi” . Elle dresse ainsi un état des lieux de la situation et interroge les mécanismes de l’action publique. Notamment la séparation historique entre le champ de l’insertion et celui du handicap. Et propose des solutions concrètes.

Comment 2 commentaires

Le pleine emploi pour tout le monde serait idéal mais dans la réalité les entreprises ne recherchent que :
Des stagiaires
Des jeunes
Des gens qui travaillent vite et bien
Des gens diplômés
Des gens expérimentés
Des gens polyvalents
Des gens qui acceptent le Smic
Des gens qui acceptent des horaires décalés
Des gens qui acceptent tout et n’importe quelle tâche
Des gens qui sont dans le besoin
Quand ils n’arriveront plus à recruter peut-être penseront-ils aux personnes avec un handicap ?

Bonsoir, oui enfin en même c’est c’est malheureusement logique j’ai bien conscience que je suis moins employable handicapée que quelqu’un en plein santé du même age….pour l’employeur, ce n’est pas forcément rentable de m’employer…. loin de la…c’est pour cela que nous avons besoin des aides…

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