Troubles bipolaires : un diagnostic trop tardif aux conséquences dramatiques

Publié le 30 mars 2023 par Emma Lepic
En France, le nombre de personnes souffrant de troubles bipolaires est estimé à 1,6 million, soit 2,5 % de la population.

Des relations personnelles qui se dégradent, des conduites addictives qui s’installent, des idées suicidaires qui apparaissent… L’errance médicale des personnes porteuses de troubles bipolaires engendre d’importantes difficultés. Voilà ce que confirment les résultats de l’enquête menée par Bipolarité France. Ces derniers sont dévoilés jeudi 30 mars, à l’occasion de la Journée mondiale consacrée à cette maladie psychiatrique chronique.

Quasiment les trois quarts des personnes atteintes de troubles bipolaires (72 %) affirment que le retard de diagnostic a causé une dégradation de leurs relations personnelles. Presque autant (69 %) indiquent que ce délai a engendré des complications sur le plan de leur santé mentale. Et plus de six sur dix (61 %) confient même avoir affronté des pensées suicidaires. Près de la moitié (44 %) ont perdu leur emploi ou abandonné leurs études.

Et, pour beaucoup, le diagnostic d’un trouble bipolaire s’avère trop long à établir. Ainsi, 77 % des 1 204 répondants à l’enquête*, menée par l’association Bipolarité France, l’ont reçu après leurs 25 ans. Pourtant, 49 % des personnes interrogées ont vu les premiers symptômes apparaître entre 15 et 25 ans.

Un trouble encore méconnu

De façon générale, d’après l’association, il faut compter entre huit à dix ans avant que les patients reçoivent un traitement adapté. Ce retard de diagnostic et de prise en charge complique l’évaluation du nombre de personnes concernées par un trouble bipolaire. D’après la Haute Autorité de santé, on l’estime à 1,6 million, soit 2,5 % de la population française. L’absence d’outil d’évaluation objectif de cette maladie, repérée à l’aide du seul examen clinique d’un psychiatre, explique cette errance médicale. De plus, selon 39 % des répondants à l’enquête, certains professionnels de santé rencontrés méconnaissaient ce trouble.

Stigmatisation et désocialisation, des réalités avérées

Et cela peut aggraver la situation des patients en attente de diagnostic. Entre-temps, des addictions risquent de s’installer, l’isolement social de s’accentuer, et leurs aidants de pâtir de ces difficultés. En sens inverse, bien entendu, la prise en charge du trouble lui-même s’améliore lorsque le diagnostic est posé. Une fois établi, 69 % des répondants déclarent avoir reçu des traitements médicamenteux plus adaptés.

Dans le même temps, près d’un quart des personnes interrogées (23 %) considère aussi que le diagnostic a engendré une stigmatisation.
C’est pourquoi, à l’issue de cette enquête, parmi les recommandations soumises aux pouvoirs publics par Bipolarité France figure en bonne place la sensibilisation du grand public à ce trouble. De même que celle des médecins généralistes à l’ensemble des symptômes de cette maladie. Pour lutter contre les déserts médicaux, l’association en appelle à « démocratiser » la téléconsultation. Enfin, à mieux financer la recherche et à « redonner goût » à la psychiatrie en la rendant plus attractive.

* Réalisée par Bipolarité France, en partenariat avec l’Unafam, la Fondation Pierre Deniker et Bipolar UK. Un questionnaire en ligne a été mis à disposition des patients, du 20 décembre au 19 février 2023.

Comment 1 commentaire

Bonjour
Oui c est terrible cette histoire j ai 2 connaisqances de mon village qui ont fait de tentatives de suicides faute de diagnostic a temps…et donc de soins.
Mais il y a aussi le SOUCI INVERSE : on diagnostique bipolaire des gens qui ne le sont pas du tout…(et qui n en ont meme pas les symptomes..le comble !)…qui sont par exemple Asperger…ou simplement dépressifs ou en depression post traumatique …ou qui ont un trouble de l adaptation ( etat de choc a consequences durables)….
Il parait que meme des surdoues revoivent ce diagnostic a tort quand ils ont du vague a l ame….
Il y a donc en effet vraiment un souci avec le diagnostic de la bipolarité préjudiciable pour tous.
Cordialement

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