Pourquoi le nombre de demandeurs d’emploi handicapés baisse-t-il ?

Publié le 25 août 2023 par Franck Seuret
« Pôle emploi mobilise davantage notre offre de services qu'avant le rapprochement avec Cap emploi », souligne Véronique Bustreel, de l'Agefiph. © Communauté du Val-d'Ajol.

Les demandeurs d’emploi handicapés, dont le nombre diminue depuis quatre ans, bénéficient de l’embellie du marché. Le rapprochement entre Pôle emploi et Cap emploi tout comme la montée en puissance des dispositifs d’accompagnement pourraient aussi favoriser la décrue. Sans oublier les radiations.

Ce n’est pas encore le plein emploi, loin de là… Mais le chômage reflue bel et bien. Fin 2022, selon les derniers chiffres communiqués par l’Agefiph, le nombre de demandeurs d’emploi handicapés a continué à baisser pour la quatrième année consécutive. Il avoisine désormais les 450 000. Bien en deçà du pic de 2018  : 515 000 pointaient alors à Pôle emploi. Il faut remonter à décembre 2014 pour retrouver un si bas niveau.

Des taux de chômage non comparables

Dans sa communication, l’Agefiph a mis en avant la baisse du taux de chômage des travailleurs handicapés. Il s’élève désormais à 12 %, selon le décompte établi par l’Insee. Trois ans plus tôt, il atteignait 18 %.

Mais ces deux chiffres ne sont pas comparables car, entre-temps, la méthodologie de l’Enquête emploi a changé. La réforme ayant eu lieu en 2021, le taux de chômage de 2022 n’est comparable qu’avec celui de 2021. Il s’élevait alors à 15 %. Il a donc baissé de deux points. Pas négligeable.

Un marché de l’emploi porteur

« Tous les indicateurs vont dans le bon sens », se réjouit Véronique Bustreel, directrice de l’innovation, de l’évaluation et de la stratégie à l’Agefiph. Les travailleurs handicapés bénéficient, eux aussi, de l’embellie générale sur le marché de l’emploi. Le taux de chômage, 7,2 % de la population active, est à son plus bas niveau depuis 2008.

« La décrue est aussi rapide pour les personnes en situation de handicap que pour l’ensemble de la population active française », poursuit-elle. Un peu plus rapide même. La part des demandeurs d’emploi handicapés dans les effectifs de Pôle emploi a, en effet, légèrement reculé. Elle est passée de 8,6 % en 2018 à 8,4 % fin 2022.

Cap Emploi et Pôle emploi plus efficaces

Véronique Bustreel y voit aussi « les effets bénéfiques du rapprochement entre Cap emploi  et Pôle emploi », mené à bien entre 2020 et 2022. Le premier connaît mieux les mesures de droit commun ; le second, celles spécifiques aux demandeurs d’emploi handicapés.  « Nous constatons que Pôle emploi mobilise davantage l’offre de services de l’Agefiph qu’avant le rapprochement », souligne-t-elle.

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Alternance, emploi accompagné et CDD tremplin

Et puis, il y a tous ces dispositifs qui montent en puissance, plus ou moins vite. L’alternance, dont les effectifs de personnes handicapées ont été multipliés par deux de 2019 à 2023 ans pour dépasser 14 000. L’emploi accompagné, dont le nombre de bénéficiaires a triplé sur la même période pour atteindre 7 600. Il faut y ajouter les quelque 2 200 salariés en CDD tremplin dans les entreprises adaptées. « Ce ne sont pas de gros volumes mais mis bout à bout, cela finit par peser », commente Véronique Bustreel.

Des radiations probables parmi les chômeurs de très longue durée

Enfin, il n’est pas exclu que les radiations administratives contribuent aussi à expliquer cette décrue. Notamment chez les demandeurs d’emploi handicapés de très longue durée – inscrits au chômage depuis plus de deux ans, qui ont vu leurs effectifs baisser de 15 % ! Au dernier trimestre 2022, au niveau global, 10 % des personnes sorties des fichiers de Pôle emploi l’étaient suite à une décision des agents de suspendre leur inscription. Soit parce qu’elles n’avaient pas répondu à une convocation, refusé une offre, ou bien encore expliqué ne pas chercher d’emploi. Les opérations de contrôle sont désormais plus nombreuses. Ce qui conduit, mécaniquement, à une hausse des radiations.

Comment est calculé le taux de chômage des personnes handicapées ?

C’est l’Insee qui calcule le taux de chômage des personnes handicapées en se basant sur les résultats de son Enquête emploi, trimestrielle. Il prend en compte exclusivement celles dont le handicap est reconnu administrativement. Soit 2,9 millions de personnes en 2022. 44 % d’entre elles travaillent ou sont en recherche d’activité (1,3 million). C’est la population active, âgée de 15 à 64 ans, disposant d’une reconnaissance administrative de son handicap. Parmi elle, 154 000 sont chômeurs « au sens du Bureau international du travail » (BIT), souligne l’Insee. La précision est importante. En prenant en compte les critères du BIT, seuls 153 000 des 450 000 travailleurs handicapés inscrits à Pôle emploi sont effectivement considérés comme des chômeurs. L’Insee explique la différence sur son blog : « Tout demandeur d’emploi n’est pas forcément chômeur ». Le taux de chômage des personnes handicapées s’élève donc à 12 % (= 154 000 / 1 300 000).

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