Rentrée et handicap – Pour les enseignants, l’inclusion scolaire est à géométrie variable

Publié le 1 septembre 2023 par Franck Seuret
Plus de 20 % des enseignants pensent encore que les enfants handicapés doivent passer les mêmes évaluations que les autres. Et seuls 40 %, que ces élèves doivent pouvoir s'orienter vers la filière professionnelle de leur choix.

À peine plus de la moitié des enseignants se disent favorables à l’inclusion scolaire des enfants autistes ou avec des déficiences intellectuelles. Moins encore pour ceux ayant des troubles psychiques. Le collectif “Ma place, c’est en classe”*, qui a commandé cette enquête, réclame davantage de moyens pour que l’école inclusive devienne une réalité pour tous.

Ce sont les acteurs-clés de l’accueil des élèves handicapés. Le collectif “Ma place, c’est en classe”* a donc eu la bonne idée d’interroger 601 enseignants du primaire et du secondaire sur leur perception de l’école inclusive. Globalement, ces professeurs estiment que « c’est un beau projet mais qui n’a pas les moyens d’être à la hauteur de ses ambitions », résume l’Ifop, l’institut de sondage ayant mené l’enquête.

95% de oui pour les élèves en fauteuil roulant, 44 % pour ceux avec des troubles psychiques

Une analyse plus fine des résultats, rendus publics ce 1er septembre, montre toutefois que, pour les enseignants, le principe même de l’inclusion scolaire est à géométrie variable. Certes, 95 % d’entre eux se disent favorables à ce que des élèves « en fauteuil roulant ou à mobilité réduite soient scolarisés avec les autres enfants dans des établissements scolaires ouverts à tous ».

Mais ce pourcentage tombe à 75 % pour des jeunes sourds ou aveugles. Il chute encore plus bas, à 58 % pour des enfants autistes ou avec des déficiences intellectuelles. Et il passe sous les 50 % (44 %) pour ceux ayant des troubles psychiques.

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La formation contre les appréhensions mais…

La peur de l’inconnu explique en partie ces réticences. Les enseignants ayant déjà accueilli un enfant handicapé sont en effet plus favorables que la moyenne à l’inclusion. Par exemple, parmi ceux ayant déjà eu dans leur classe un enfant avec des déficiences intellectuelles, 67 % se prononcent en faveur de leur admission à l’école ordinaire (+ 9 points).

La formation permet également de faire reculer les appréhensions. 68 % des professeurs formés se disent favorables à l’accueil des enfants autistes (+ 10 points).

20 % des enseignants réticents aux évaluations aménagées

Pour autant, pour certains types de handicap, les appréhensions restent très fortes. Malgré l’expérience et/ou la formation. Seuls 62 % des enseignants formés sont favorables à l’inclusion des enfants avec des déficiences intellectuelles (+ 4 points). Et ceux ayant déjà eu des élèves avec des troubles psy sont moins favorables à leur accueil que ceux n’en ayant jamais reçu (- 2 points) !

Par ailleurs, plus de 20 % pensent encore que les enfants handicapés doivent passer les mêmes évaluations que les autres. Et seuls 40 %, que ces élèves doivent pouvoir s’orienter vers la filière professionnelle de leur choix et non, nécessairement, dans une filière compatible avec leur handicap.

Davantage d’AESH, moins d’élèves par classe

Il y a donc là un véritable enjeu : l’école inclusive ne se fera pas sans un vrai changement des pratiques et des mentalités. « On le sait, l’école inclusive est aujourd’hui une réalité qui fonctionne quand elle est mise en place : les nombreux exemples d’insertion réussie en témoignent, insiste le collectif d’associations “Ma place, c’est en classe”. Il est donc nécessaire de renforcer les moyens alloués à cette problématique. »

Quels sont les investissements à privilégier ? Les enseignants citent en priorité le recrutement d’AESH supplémentaires, chargés d’accompagner les élèves. Puis, la diminution du nombre d’élèves dans la classe quand l’un d’entre eux bénéficie d’un projet personnalisé de scolarisation. Mais aussi la formation des professeurs et des personnels de l’école juste devant la présence d’enseignants spécialisés référents.

La Défenseure des droits réclame davantage de moyens

Leurs demandes font écho aux recommandations de la Défenseure des droits. Dans un tout récent communiqué, elle « constate que les établissements scolaires, faisant face à un nombre d’élèves par classe souvent très élevé, et très sollicités pour la mise en œuvre de l’école inclusive, ne se voient pas allouer les moyens nécessaires pour permettre une inclusion respectueuse des droits et de l’intérêt supérieur des enfants handicapés. Elle appelle urgemment les pouvoirs publics à mobiliser les moyens indispensables pour garantir l’école inclusive. »

* Collectif regroupant les associations suivantes : Anpea, APF France handicap, Asei, Droit au savoir, Gapas, FCPE, Fisaf, Fnaseph, Fédération Peep, Trisomie 21 France, Unanimes

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