Des implants pour récupérer d’un traumatisme crânien

Publié le 18 décembre 2023 par Olivier Clot-Faybesse
Pour lutter contre les séquelles d'un traumatisme crânien, la stimulation cérébrale profonde cible une zone particulière du cerveau, le noyau latéral central. © A. Janson Butson

Un traumatisme crânien modéré à grave cause des troubles invalidants durables. Aux États-Unis, un dispositif expérimental de stimulation cérébrale profonde a permis d’améliorer grandement les capacités cognitives de quelques patients. Il pourrait devenir un traitement efficace pour les personnes souffrant de déficits après des lésions cérébrales traumatiques.

Ils sont cinq volontaires, âgés de 22 à 60 ans. Quatre hommes et une femme ayant subi un traumatisme crânien. Avec comme conséquences des troubles cognitifs importants (problèmes de concentration, de mémoire, de langage, de raisonnement…) jugés irréversibles. Malgré l’ancienneté de leurs blessures – survenues trois à dix-huit ans en arrière -, ils viennent de voir leurs capacités cognitives fortement s’améliorer. Comment ? Grâce à la stimulation cérébrale profonde.

Des microéléctrodes au cœur du thalamus

Ainsi, ces volontaires, tous américains, se sont vu implanter des électrodes dans le cerveau. Plus spécifiquement dans une partie du thalamus qui joue un rôle clé dans le contrôle des fonctions cognitives, le noyau latéral central. Pour l’atteindre, les neurochirurgiens* ont eu recours à une chirurgie d’une extrême précision.

Utilisant des techniques d’imagerie sophistiquées, ils ont placé les implants dans un endroit optimal, au niveau même des fibres nerveuses partant du noyau central. Trois mois après, les patients, cicatrisés, ont passé différents tests cognitifs.

Se remettre d’un traumatisme crânien des années après

Surprise ! Leur vitesse de traitement mental a progressé (+ 32 %), comme leur capacité d’attention. « Plusieurs participants et membres de leur famille ont signalé une amélioration substantielle de leur qualité de vie, notamment dans la capacité à travailler et participer à des activités sociales », précise un rapport de synthèse (en anglais).

Mais le point déterminant de ces résultats est que, malgré le temps écoulé, une récupération du cerveau est encore possible. « Les personnes opérées ayant subi des lésions cérébrales des années, voire des décennies auparavant, nous pensions le processus de guérison terminé. Nous avons donc été surpris et heureux de voir que non et que leur état pouvait s’améliorer », précise le Dr Nicholas Schiff, auteur principal de l’étude.

Stimulation cérébrale profonde : travaux supplémentaires nécessaires

Pour toutes les victimes d’un traumatisme crânien dont les séquelles cognitives persistent des années après, la stimulation cérébrale profonde offre donc une perspective concrète. Les recherches se poursuivent d’ailleurs aux États-Unis, avec cette fois un panel élargi de 25 à 50 volontaires. Une étape nécessaire pour optimiser ce type de thérapie et confirmer sa sécurité chez l’homme.

*Ces opérations sont le fruit d’une collaboration entre neurochirurgiens, médecins et chercheurs de plusieurs instituts : Weill Cornell Medicine, université de Stanford, clinique de Cleveland et Harvard Medical School.

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