L’école de tous les possibles [Public Sénat] : quand l’enseignement s’adapte aux enfants polyhandicapés

Publié le 22 mars 2024 par Franck Seuret
Le Centre des possibles a été reconnu comme une unité d'enseignement polyhandicap par l'Éducation nationale. Mais Laura Cobigo, la professeure qui l'a créée, n'a droit qu'à un mi-temps salarié. ©Ctonfilm

Le documentaire L’école de tous les possibles nous emmène à la découverte d’une classe pour des enfants polyhandicapés. L’enseignante qui l’a fondée utilise une pédagogie et des outils adaptés pour leur apprendre à communiquer, lire, compter…

« Quel jour sommes-nous ? » Laura Cobigo présente à une fillette polyhandicapée un panneau sur lequel sont inscrits les jours de la semaine. Luna désigne le mercredi. « Anna, est-ce qu’on vient à l’école, le mercredi ? », interroge-t-elle alors en se tournant vers une autre petite fille atteinte, elle aussi, de déficiences sévères. Anna pointe sa main vers celui des deux pictogrammes représentant le non. « Tu as raison, on ne vient pas à l’école le mercredi. Donc aujourd’hui, nous sommes… Oui, c’est ça, Luna, nous sommes mardi. »

De petits groupes de trois et un adulte par enfant

Un matin comme un autre dans un établissement scolaire pas comme les autres : le Centre des possibles, à Guidel, en Bretagne. Laura Cobigo, la professeure de l’Éducation nationale qui créé cette école à classe unique en 2021, est convaincue que les enfants polyhandicapés ont des capacités d’apprentissage d’expression, de lecture, de calcul… Et ces capacités ne demandent qu’à être exploitées.

Elle fait donc classe à neuf élèves, accueillis par petit groupes de trois, en utilisant des méthodes adaptées ainsi que des outils de communication alternative et améliorée. Elle passe de l’un à l’autre pour donner ses consignes, mises en œuvre par l’adulte accompagnant chaque enfant. Un pour un. 

Une troisième voie, entre l’IME et l’école du quartier

Dommage qu’Anne Gautier, la réalisatrice de L’école de tous les possibles, elle-même mère d’un enfant en situation de handicap, n’immerge pas davantage le spectateur au sein de la classe. Mais il ne fait cependant aucun doute que, pour elle, cette unité d’enseignement polyhandicap représente une troisième voie très intéressante, entre école ordinaire et institut médico-éducatif (IME).

Aujourd’hui, dans ces IME, la plupart des enfants ont droit à très peu d’heures d’enseignement… Comme Faire-face.fr l’avait rapporté, une étude de l’Unapei auprès de ses établissements a montré que 27 % ne bénéficient d’aucune heure de scolarisation. Et pour 35 %, c’est moins de six heures/semaine. La séquence tournée au sein d’un de ces instituts est d’ailleurs assez parlante.

Et en milieu ordinaire, la scolarisation se fait souvent, là aussi, à temps très partiel. De plus, les enseignants, insuffisamment formés et à peine outillés, peinent à travailler les apprentissages scolaires avec un enfant polyhandicapé noyé dans la masse des 20 à 30 autres élèves.

Gabin, deux temps partiels pour un apprentissage complet

Laura Cobigo ne fait pour autant une croix sur l’inclusion scolaire. Au contraire. Pour elle, le Centre des possibles a également vocation à préparer ses élèves au milieu ordinaire. Plusieurs d’entre eux fréquentent d’ailleurs les deux, à temps partiel. Comme Gabin, qui a développé ses capacités relationnelles à l’école de son quartier et ses compétences scolaires à l’unité d’enseignement. Ou comment tirer le meilleur des deux en attendant qu’advienne l’école idéale, pour tous.

À voir sur Public Sénat, samedi 23 mars à 21h. Un débat sur l’école inclusive suivra. Rediffusion le dimanche 24 mars à 9h30. Le documentaire sera ensuite disponible en replay sur publicsenat.fr

Les oubliés de l’école inclusive

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