Les Petites Cuillères, le premier prix littéraire jeunesse sur le handicap

Publié le 18 avril 2024 par Raphaëlle Vivent
« Quand on est adulte, nos préjugés sont déjà bien ancrés. Les jeunes sont dans la construction de leur vision du monde. En les sensibilisant, on peut en faire des personnes plus bienveillantes et plus emphatiques », estime Béatrice Pradillon, membre des Dévalideuses, et co-fondatrice avec Alice Ribière, professeure documentaliste en collège du prix littéraire les Petites Cuillères. © DR

L’association handi-féministe Les Dévalideuses a dévoilé début avril son prix littéraire Les Petites Cuillères, destiné à sensibiliser écoliers et collégiens à la question du handicap et aux discriminations qui y sont liées. Les jurés, des enfants et adolescents entre 8 et 15 ans, voteront en 2025 pour leur ouvrage préféré.

Cela faisait quelque temps que les membres des Dévalideuses souhaitaient s’adresser à un public jeune. Alors, quand Alice Ribière, professeure documentaliste en collège, leur a proposé de créer avec elles un prix littéraire jeunesse sur le handicap, elles n’ont pas hésité longtemps. « Notre slogan c’est “Démonter les préjugés autour du handicap”. Quand on est adulte, nos préjugés sont déjà bien ancrés. Les jeunes sont dans la construction de leur vision du monde. En les sensibilisant, on peut en faire des personnes plus bienveillantes et plus emphatiques. » , estime Béatrice Pradillon, membre des Dévalideuses, et co-fondatrice avec Alice Ribière du prix littéraire les Petites Cuillères.

Les Petites Cuillères ? Ce nom est en effet une référence à la théorie des cuillères de Christine Miserandino, une autrice et blogueuse américaine atteinte de lupus. Théorie qui permet notamment de montrer que les personnes avec un handicap ou une maladie peuvent avoir des réserves d’énergie inférieures aux personnes valides. Pour les fondatrices du prix, cette théorie est utile pour comprendre comment le handicap peut impacter la vie de manière invisible et silencieuse.

Un personnage au moins concerné par un handicap

Parmi les ouvrages sélectionnés, Les étincelles invisibles et son héroïne autiste qui s’intéresse aux sorcières torturées au Moyen Âge et Une vie en milonga, avec en filigrane la question de l’acceptation du handicap dans la famille. © DR

Le prix se compose ainsi de deux catégories. L’une pour le cycle 3, classes de CM1, CM2 et 6e, l’autre pour le cycle 4,  classes de 5e, 4e, 3e voire seconde. Et un comité de lecture, composé d’une quinzaine de personnes concernées par un handicap et des élèves de 5e, a sélectionné quatre ouvrages pour chaque catégorie. Comme le roman d’Elle McNicol, Les Etincelles Invisibles, qui raconte l’histoire d’Addie, une jeune fille autiste. Ou Une Vie en Milongan, de Fanny Chartres, sur l’acceptation des différences, notamment dans le cadre familial. 

« Le critère de sélection numéro un, c’est qu’il faut que l’un des personnages principaux soit handicapé, au sens large. Donc ça peut être aussi une personne malade, une personne âgée, une personne victime de grossophobie … Celles et ceux qui ont des corps qui ne correspondent pas aux normes, et qui sont victimes d’une forme de validisme », détaille Béatrice Pradillon. Autres critères, que les ouvrages présentent une diversité de personnages, et qu’aucune catégorie de la population ne soit discriminée.

Des ressources pédagogiques pour accompagner les lecteurs

Les huit livres retenus ont été dévoilés début avril. Entre janvier et mars 2025, ce sont les enfants et adolescents eux-mêmes qui voteront pour leur ouvrage préféré, dans la catégorie qui les concerne. Soit à titre individuel, avec l’accord d’un parent, soit au sein d’une classe, si leur enseignant participe au projet. Dans les deux cas, des ressources pédagogiques seront envoyées dès le mois de septembre aux participants, pour les accompagner dans leurs lectures et encourager la discussion sur les thématiques abordées. Une manière de déstigmatiser les différents handicaps.

Mais pour Béatrice Pradillon, ces lectures pourront aussi permettre aux élèves concernés de se sentir représentés. « Je suis sourde, et quand j’étais jeune, je n’en parlais pas du tout, je le cachais. Ça m’a énormément touchée, adulte, de lire des ouvrages qui parlent de surdité. Je me suis dit que si j’avais pu lire ça au collège, ça m’aurait sûrement aidée, plus tôt, à mieux vivre avec mon handicap »

Plusieurs enseignants se sont déjà inscrits pour faire participer leurs classes à la rentrée prochaine. De nombreuses structures se sont aussi montrées très enthousiastes, qu’il s’agisse d’établissements scolaires, de centres de loisirs ou de médiathèques. Face à cet engouement, les fondatrices du prix se projettent déjà dans les futures éditions. Elles réfléchissent notamment à la création de nouvelles catégories, pour les élèves de lycée et du début du primaire.

Pour s’inscrire, découvrir la sélection d’ouvrages et avoir plus d’informations.

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