Fin de vie : « Je téléphonerai au bon Dieu »

Publié le 3 mars 2023 par Élise Descamps
Marie-Claude, 85 ans, espère que cela ira mieux "près du bon Dieu".

Marie-Claude Hacquin, octogénaire, est atteinte de la maladie de Charcot depuis plus de 30 ans. Alors que la Convention citoyenne sur la fin de vie se prononçait les 18 et 19 février pour une ouverture en France de l’aide active à mourir et du suicide assisté, elle estime que ce serait « de la triche ». Sa foi lui dicte de s’en remettre, le moment venu, à Dieu.

« Encore quelques années et je déménage là-haut ». Marie-Claude Hacquin, 85 ans, ne parle pas de l’étage supérieur de son Éhpad, où elle est arrivée il y a quelques semaines, son autonomie et sa mémoire déclinant. Là-haut, c’est « près du bon Dieu », où elle « espère que ça ira mieux ».

Cette Meusienne, ancienne infirmière, souffre de la maladie de Charcot depuis plus de 30 ans. Elle est consciente d’avoir eu une chance relative : sa maladie a évolué très lentement. Cela fait bien longtemps qu’elle ne marche plus, mais elle peut encore manger et se laver seule, par exemple. Pourtant, elle se sent diminuée. « Je m’agite le moins possible, car plus je m’agite, plus je fatigue, moins j’en fais. »

Elle sait que progressivement elle deviendra complètement dépendante, et cela lui fait peur. Mais elle n’envisage pas d’abréger ses souffrances par un acte volontaire. « En formulant une demande de mort, je me sentirais en fraude, j’irais contre les directives du bon Dieu. Je ne veux pas tricher », explique-t-elle, mue par sa foi profonde.

Pas de prolongations

« J’attendrai que le moment vienne, tout en demandant aux médecins de me soulager et de ne rien faire pour prolonger la suite. Car la vie, quand elle est très diminuée, est-ce encore une vie ? » Surtout, elle compte sur un allié. « Je téléphonerai au bon Dieu. Je lui dirai : “Seigneur, s’il te plaît, prends-moi, que je débarrasse le tapis, je souffre trop”. » 

Il y a quelques temps, elle a échangé avec son mari au sujet de ses directives anticipées, et cela la rassure. « Je ne voudrais pas que l’on fasse n’importe quoi, comme me prolonger indéfiniment ». Aujourd’hui, le sujet n’est pas d’actualité la concernant. Mais elle sait que quand elle sera en fin de vie, elle sera entourée de son mari, ses filles, ses petits-enfants et arrière-petits-enfants. « Tout le monde n’a pas cette chance. »

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