Rentrée scolaire et handicap – Laurence, professeure des écoles : « L’inclusion, un défi à relever chaque année »

Publié le 8 septembre 2023 par Claudine Colozzi
Laurence, enseignante, révèle la difficulté de certaines situations, en donnant l'exemple d'une fillette de 9 ans dont le niveau était celui de petite section de maternelle mais qui se retrouvait avec des CE1 en classe.

Professeure des écoles en Isère, Laurence*, 44 ans, enseigne en CE1. Son école située en réseau d’éducation prioritaire + (REP+) comprend deux dispositifs Ulis. Elle accueille donc des élèves avec un plan personnalisé  de scolarisation (PPS). Si la présence d’enfants en situation de handicap a influé sur ses pratiques, elle avoue aussi avoir parfois exploré ses limites en termes de capacités d’inclusion.

« J’enseigne depuis vingt-deux ans et l’inclusion des enfants en situation de handicap est un défi à relever chaque rentrée. Mon école accueille deux dispositifs Ulis. J’ai dans ma classe des enfants avec des plans personnalisés de scolarisation (PPS) qui relève de ces dispositifs ou pas. Certains peuvent être en attente d’orientation ou d’une place en IME.

Une meilleure connaissance des besoins de chaque élève

Depuis 2017, enseigner en REP + signifie enseigner dans des classes de CP et CE1 dédoublées. J’ai entre douze et quinze élèves. Cela permet une meilleure connaissance des besoins individuels. Nous avons davantage d’interactions avec chacun d’entre eux. C’est d’autant plus profitable pour des élèves avec des troubles du spectre de l’autisme (TSA), qui nécessitent plus d’attention.

Parfois, en tant qu’enseignant, nous n’avons pas accès à toutes les infos concernant les enfants que nous accueillons, uniquement celles que les parents acceptent de partager. »

Les élèves avec un PPS, qu’il relèvent ou non du dispositif Ulis, sont des élèves à part entière de l’établissement. Leur classe de référence est la classe correspondant approximativement à leur année de naissance. Mais dans la réalité cela donne des situations un peu compliquées, comme pour cette fillette de 9 ans (pas inscrite en Ulis, mais avec une PPS) dont le niveau était celui de petite section de maternelle, mais qui se retrouvait avec des CE1.

La société se doit d’accueillir tous les enfants à l’école. On nous dit qu’il faut viser l’acquisition des compétences sociales mais à un moment, l’écart se creuse entre les élèves sur les apprentissages fondamentaux malgré nos efforts…

Avec le recul, j’ai pris conscience combien il était enrichissant d’accueillir des élèves en situation de handicap dans une classe, notamment à effectifs dédoublés comme en REP+. J’ai évolué dans mes pratiques. Je suis allée chercher d’autres méthodes – telle que la méthode TEACCH pour travailler avec des enfants avec TSA. J’ai alimenté régulièrement ma boîte à outils.

Je ne m’estime pas la moins formée des enseignants. Bien au contraire ! Malgré tout, j’ai aussi exploré mes limites en termes de capacités d’inclusion. Parfois, en tant qu’enseignant, nous n’avons pas accès à toutes les infos concernant les enfants que nous accueillons, uniquement celles que les parents acceptent de partager. En tous cas, toujours les éléments médicaux qui permettent de garantir la sécurité de l’enfant.

Une génération plus réceptive à la question de l’inclusion

Je profite de certaines situations pour orienter la conversation avec la classe. Un des élèves avec TSA avait comme renforçateur positif [NDLR : dans un contexte éducatif, réponse positive donnée à un enfant, et qui vise à encourager l’apparition d’un comportement souhaité] de regarder une vidéo de cinq minutes sur YouTube.

Les autres ne comprenaient pas pourquoi et se sentaient lésés. Nous en avons parlé tous ensemble. Verbaliser les choses les rend plus explicites. Les enfants sont très à l’écoute. Cela augure une génération plus réceptive à cette question. C’est l’un des points positifs de notre travail. »

*Le prénom a été modifié.

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