Zéro euro de PCH pour payer 15 heures quotidiennes d’aide humaine

Publié le 11 décembre 2023 par Franck Seuret
Bertrand Lourdin s'est retrouvé dans une situation absurde : le Département a reconnu son erreur mais était dans l'incapacité de la corriger avant deux mois.

Suite à une erreur de son département, depuis octobre dernier Bertrand Lourdin n’a pas touché sa prestation de compensation du handicap (PCH). Elle lui sert à payer les salariés qui l’assistent au quotidien, du matin au soir. Le Conseil départemental de l’Isère promet de faire les versements cette semaine. En attendant ses parents ont dû avancer les 11 000 € manquants !

Quinze heures quotidiennes d’aide humaine salariée accordées par la Maison départementale de l’autonomie de l’Isère. Mais zéro € versé depuis octobre pour les régler. Voilà la situation paradoxale et ubuesque dans laquelle se trouve Bertrand Lourdin. Les droits de cet Isérois de 35 ans, infirme moteur cérébral et dépendant pour tous les gestes de la vie quotidienne, sont pourtant bien ouverts. Mais ces deux derniers mois, il n’a pas perçu les 5 500 € mensuels attendus de sa prestation de compensation du handicap (PCH) pour payer ses 15 heures quotidiennes d’auxiliaires de vie.

Les neuf heures restantes, pour assurer l’assistance 24 heures sur 24 dont il a besoin, sont assurées par des aidants familiaux. Le montant correspondant à ces dernières est, en revanche, bien parvenu sur son compte bancaire. Tout comme le budget pour l’achat de ses protections pour adulte.

« Impossible de corriger le tir avant décembre. »

Lorsque ses parents, qui gèrent l’emploi direct de ses aidants professionnels avec un service mandataire, se sont aperçus, fin octobre, que le virement n’était pas arrivé, ils ont contacté le Département. « On nous a répondu que c’était une erreur humaine et que le paiement de novembre était aussi compromis, raconte Marie-Françoise Brunet, la mère de Bertrand Lourdin. Mais qu’il était impossible de corriger le tir avant le mois de décembre. » 

Des salariés à payer, une somme importante à avancer

En attendant, il a quand même bien fallu payer les salariés. Ce sont les parents qui ont avancé les 11 000 € nécessaires. « Heureusement qu’on était en capacité de le faire ! Mais qu’est-ce qui se serait passé dans le cas d’une personne dépendante, comme Bertrand, et isolée. Elle aurait dû aller à l’hôpital le temps que le Département procède au paiement ? »

Et Marie-Françoise Brunet d’enfoncer le clou. « Tout le monde peut commettre une erreur. Mais il faut la réparer au plus vite. Et là, ce n’est pas le cas.  Un mois et demi après que nous ayons sonné l’alerte, nous n’avons toujours rien reçu. »

Des excuses et des procédures à revoir

« Le Département renouvelle ses excuses à la famille, précisent les services du CD, contactés par Faire-face.fr. Nous sommes mobilisés pour réaliser le remboursement d’octobre et novembre, et le versement du mois de décembre, en début de cette semaine. Cette situation exceptionnelle va être analysée pour permettre de comprendre ce qu’il s’est passé afin d’améliorer nos procédures et mieux répondre à ce type d’urgence. » Améliorer les procédures en Isère ? Oui, visiblement, là aussi il y a une urgence.

Actualisation du 14 décembre : le Conseil départemental qui promettait « le remboursement d’octobre et novembre, et le versement du mois de décembre, en début de cette semaine » (du 11 au 15 décembre) n’a finalement payé qu’un mois le 13 décembre. Le reste est annoncé pour le 20 décembre… 

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