[Lecture du vendredi] Un trésor sous le sable, ou comment sauver des vies grâce à l’hémoglobine d’un ver marin

Publié le 26 avril 2024 par Elise Jeanne

Fournir à la société une alternative au sang humain : telle est l’ambition de Franck Zal, qui l’aura poussé à chercher, innover, créer… et à redonner ses lettres de noblesse à un petit ver bien connu de nos plages et des Bretons, le buzuk ou arénicole. L’auteur explique comment il s’est inspiré de son système biologique pour mettre au point, par analogie, des produits destinés à des applications médicales (AVC, infarctus, traumatismes crâniens…). Une histoire avec des hauts et des bas.

Pour le célèbre chirurgien Laurent Lantiéri, ce serait une découverte aussi importante que celle de la pénicilline ! De quoi s’agit-il ? D’une hémoglobine extracellulaire, c’est-à-dire non contenue dans les globules rouges comme c’est le cas pour l’hémoglobine d’origine humaine. Une hémoglobine qui a, de plus, la propriété extraordinaire de fixer quarante fois plus d’oxygène que celle de l’humain.

Un petit ver champion d’apnée

L’auteur, Franck Zal, l’a découverte dans un organisme tout à fait particulier qui se trouve à deux pas de chez lui sur la plage : un ver marin, Arenicola marina, que les Bretons appellent le buzuk. Ce simple petit vert, qui fait des tortillons de sable, parvient à respirer dans deux environnements différents : sous l’eau (à marée haute) et dans l’air (à marée basse). « Un vrai champion de l’apnée ! » Ce, grâce aux molécules d’hémoglobine du système circulatoire qui alimentent son cœur et lui fournissent une véritable bouteille d’oxygène.

Un petit ver pour lutter contre l’AVC ischémique

De cette découverte, Franck Zal a tiré la molécule M101. Elle a notamment pour effet de réactiver le métabolisme des tissus grâce à l’apport d’oxygène qu’elle délivre. Avec de potentielles applications thérapeutiques porteuses d’espoir pour de nombreuses personnes. Entre autres : des médicaments pour traiter les AVC ischémiques ou l’infarctus du myocarde, l’insuffisance cardiaque, les artériopathies des membres inférieurs, pouvant conduire à des amputations. Mais aussi les traumatismes crâniens, le syndrome de détresse respiratoire aiguë ou encore la drépanocytose.

Un petit ver et beaucoup d’embûches

Franck Zal l’affirme haut et fort : « La plateforme technologique M101 est susceptible de répondre à tous les besoins physiologiques respiratoires, de l’échelle de la cellule brique de base du vivant, à celle d’un être humain dans son ensemble ». Reste que son parcours pour y parvenir aura été semé d’embûches. Des moqueries, aux tentatives d’entraver ses travaux, de son exil aux États-Unis, à sa démission du CNRS pour pouvoir créer sa start-up. Sans oublier ses difficultés à convaincre des investisseurs de la valeur future des produits tirés de cette hémoglobine et à obtenir un marquage CE. Il faut dire que sa  molécule est une sérieuse concurrente dans la quête mondiale d’un sang universel. Un graal aux enjeux considérables. Il raconte tout cela dans ce livre.

Un trésor sous le sable, Franck Zal, éd. Les Arènes, 2024, 247 p., 21 €

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