Fin de vie : « La demande exceptionnelle d’Alain Cocq nous imposait une réponse exceptionnelle. »

Publié le 6 septembre 2020 par Claudine Colozzi
« Le chemin de la délivrance commence et, croyez-moi,  j’en suis heureux », a déclaré Alain Cocq vendredi soir lors de l'arrêt de tout traitement, alimentation et hydratation.

Faute de pouvoir bénéficier d’une assistance médicale active pour mourir, Alain Cocq, atteint d’une maladie incurable, a cessé vendredi 4 septembre de se soigner, de s’alimenter et de boire. Une décision radicale pour dénoncer la loi actuelle sur la fin de vie. Pour Emmanuel Hirsch, président du Conseil pour l’éthique de la recherche et de l’intégrité scientifique, une « exception d’euthanasie » aurait pu être envisagée.

« Le chemin de la délivrance commence et,  j’en suis heureux. » Vendredi soir, Alain Cocq a annoncé avoir cessé tout traitement, toute alimentation et hydratation. Ce faisant, il poursuit son intention de se laisser mourir en direct, pour dénoncer la loi sur la fin de vie de 2016 qui autorise la sédation profonde. Mais, uniquement pour les personnes dont le pronostic vital est engagé à court terme.

Une « réponse autre que la compassion ou des propos convenus » pour Alain Cocq

Sur Europe 1, Emmanuel Hirsch, président du Conseil pour l’éthique de la recherche et de l’intégrité scientifique, a qualifié le choix d’Alain Cocq d’« acte politique bouleversant et fort ». Et, pour le professeur d’éthique médicale, il aurait dû appeler « une réponse autre que la compassion ou des propos convenus ».

Il fait référence à la fin de non-recevoir adressée par Emmanuel Macron. En effet, le président de la République a précisé « ne pas se situer au-dessus des lois ».

Et, dans une tribune “Une exception d’euthanasie n’est-elle pas acceptable pour Alain Cocq ?” publiée vendredi dans Libération, Emmanuel Hirsch s’interroge : « Comment respecter la volonté d’une personne dépendante d’une souffrance que l’on ne parvient plus à atténuer et qui ne veut pas assumer solitairement le geste provoquant sa mort ? » En effet, la société semble manquer de réponses pour des personnes atteintes de maladie chronique ou en situation de handicap qui demandent à mourir dignement.

Facebook bloque la diffusion en direct

Selon lui, « Alain Cocq a revendiqué sa mort comme un droit, en toute lucidité et à la suite d’années d’engagement au service de valeurs de sollicitude et de justice. Sa demande exceptionnelle nous imposait une réponse exceptionnelle. »

Finalement, Facebook a annoncé samedi avoir bloqué la diffusion en vidéo des derniers moments d’Alain Cocq. « Bien que nous respections sa décision de vouloir attirer l’attention sur cette question complexe, nous avons pris des mesures pour empêcher la diffusion en direct. Nos règles ne permettent pas la représentation de tentatives de suicide », a déclaré à l’AFP un porte-parole.

À lire la tribune en intégralité sur liberation.fr et sur europe1.fr

* Emmanuel Hirsch est l’auteur de différents ouvrages sur la fin de vie : Vincent Lambert, une mort exemplaire ? (Ed. du Cerf, 2020), La lutte, la révolte et l’espérance. Témoigner jusqu’au bout de la vie (Ed. du Cerf, 2019), Faut-il autoriser l’euthanasie ? (Ed. First, 2019), Fins de vie, éthique et société (Ed. Érès, 2016).

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