Latecomers [Arte] : une série crue et sensible sur la sexualité des personnes handicapées

Publié le 22 avril 2024 par Claudine Colozzi
En six courts épisodes, la série australienne Latecomers évoque avec beaucoup de justesse et d'humour la quête de relations sexuelles de Hannah et Frank, deux trentenaires en situation de handicap.© Renata Dominik

Décidément, la vie affective et sexuelle des personnes handicapées inspire la fiction. Disponible sur arte.tv, Latecomers met en scène deux trentenaires avec une paralysie cérébrale, tourmentés par l’obsession de perdre leur virginité.  À l’image de sa petite cousine argentine Un mètre vingt découverte en 2021, cette mini-série australienne vive et mordante aborde ce sujet sans tabou et avec beaucoup de justesse.

« Le sexe, c’est pas si génial. On finit toujours par morfler », confie Eliott à Sarah à la fin du troisième épisode. Ce à quoi la jeune femme réplique :  « En ce qui me concerne, pas besoin d’avoir couché pour morfler. » L’écriture de répliques cinglantes et bien senties n’est pas la moindre des qualités de Latecomers (les retardataires), mini-série australienne visionnable sur le site arte.tv.

Privés de vie sexuelle du fait de leur handicap

Ces six épisodes de 10 minutes mettent en scène quatre personnages dont deux en situation de handicap. Hannah (Hannah Diviney) et Frank (Angus Thompson) ont une paralysie cérébrale (dans la vraie vie également). Ils font connaissance dans un bar. D’emblée, ils évoquent le sujet qui les préoccupe au premier chef : la perte de leur virginité. Tous deux ont une vision assez différente, mais un peu stéréotypée, de la sexualité. Et une chose les rassemble : la perception qu’ils ont d’être hors concours du fait de leur handicap.

Écrit par Angus Thompson avec Emma Myers, journaliste et scénariste elle-même en situation de handicap, Latecomers entend évoquer la perception des relations amoureuses des personnes. « Je n’ai pas été considéré comme une option romantique ou sexuelle, explique Angus Thompson dans un article paru sur le site du GuardianEt je voulais montrer à quel point il peut être frustrant d’être toujours perçu comme un ami mais jamais comme un compagnon. »

Une série qui pose les bonnes questions

Dans la veine de la très réussie série argentine Un mètre vingt (toujours visible sur arte.tv), Latecomers aborde avec hardiesse et justesse ce sujet encore souvent tabou (sauf dans la fiction télévisuelle). Elle pose les bonnes questions avec une ironie parfois grinçante. Quand Frank, déçu d’être éconduit par Sarah, lui lâche que personne, à part lui, ne voudra l’embrasser voire coucher avec elle, c’est sa propre crainte qu’il exprime.

« J’espère que Latecomers ouvrira de nombreuses conversations sur le fait que les personnes handicapées peuvent avoir une manière différente de se mouvoir ou de faire les choses. Mais que nous avons les mêmes aspirations, rêves, espoirs, désirs – y compris vivre des histoires d’amour », a confié Hannah Diviney. L’autrice et activiste dont c’est le premier rôle est d’ailleurs la grande révélation de cette série. Très émouvante quand elle voit ses certitudes progressivement vaciller. On n’en dévoilera pas plus, mais Latecomers réserve quelques surprises.

Les six épisodes de 10 minutes de Latecomers sont disponibles sur arte.tv jusqu’au 14 mars 2025.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.