[Lecture] On n’ampute pas le cœur : le match de Matthieu Lartot contre le cancer

Publié le 22 avril 2024 par Claudine Colozzi

Un an après l’annonce de sa récidive d’un cancer du genou et de son amputation, Matthieu Lartot sort un livre qui raconte sa bataille contre la maladie. Devenu journaliste sportif après avoir vu s’envoler ses rêves de sport de haut niveau, il évoque les vingt-six années où il a vécu à la frontière entre le monde des personnes valides et celui des personnes handicapées. Un témoignage fort sur son parcours qui lui a ouvert les yeux sur certaines inégalités.

« Je n’ai pas fait preuve de courage mais éventuellement de détermination, celle qui consiste à ne jamais sombrer et à regarder en avant, l’esprit tourné vers la sortie du tunnel. » La citation est à l’image de celui qui se raconte dans ce livre témoignage. Matthieu Lartot narre ainsi de manière pudique comment il cohabite depuis l’âge de 17 ans avec un sarcome synovial.  Un cancer du genou rare mais très agressif, et ses séquelles.

Fais-toi couper cette putain de  jambe !

Il explique aussi comment, au printemps 2023, ce cancer est venu de nouveau s’immiscer dans sa vie et l’a conduit à prendre une décision nécessaire : se faire amputer de sa jambe droite. Celle-là même avec laquelle Matthieu Lartot a dû partager son existence, pour le meilleur… et surtout pour le pire.

Parmi les passages marquants du livre, le récit de sa rencontre avec le journaliste sportif Patrick Knaff. Amputé d’une jambe depuis l’âge de 14 ans, ce dernier se déplace avec une prothèse en bois. « Physiquement empêché, Knaff est un homme plus libre que la grande majorité des valides. » Il n’aura de cesse de lui dire : « Facilite-toi la vie et fais-toi couper cette putain de  jambe ! » Au moment de prendre sa décision, Matthieu Lartot aura une pensée pour celui qui l’a aidé à cheminer.

Une progressive acceptation du handicap

Dans le dernier chapitre du livre, le journaliste raconte aussi sa progressive acceptation de son handicap. « Pendant un quart de siècle, je vais vivre enfermé dans cette réalité parallèle, sur ce continent caché à la lisière de deux mondes que composent les valides et les PMR : celui des presque valides ou des presque handicapés moteurs. Un no man’s land où n’existe aucune main tendue ; où personne ne s’imagine qu’une simple marche est pour vous une montagne à gravir ; où lors d’une soirée entre amis, vous souffrez à en crever pendant que la tablée se gondole. »

Comme il nous le confiait dans une interview (lire plus bas), cette amputation a été une libération. Et une passerelle vers une prise de conscience des préjudices subis par les personnes en situation de handicap. Inégalités d’accès aux meilleures prothèses, lenteur administrative sur le dossier de reconnaissance du handicap, manque d’accessibilité des transports en commun… Le journaliste veut s’engager. Et, après celui contre le cancer, se lancer dans un autre combat. Assurément, on pourra compter sur sa détermination.

On n’ampute pas le cœur, Matthieu Lartot, éd. Robert Laffont, 192 p., 19 €.

À lire aussi notre interview publiée le 24 novembre 2023

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