Méduse : le handicap au cœur d’un captivant huis clos amoureux

Publié le 26 octobre 2022 par Claudine Colozzi
L'arrivée d'un jeune homme va bousculer l'équilibre du binôme constitué de deux sœurs dont l'une est handicapée. © Sophie Levy

Auréolé de plus d’une quarantaine de prix dans de nombreux festivals, Méduse de Sophie Levy sort en salles mercredi 26 octobre. La relation entre deux sœurs, dont l’une est hémiplégique et muette à la suite d’un accident, nourrit l’intrigue de ce film à la beauté étrange. Avec au centre, cette interrogation : comment s’affranchir de la dépendance et de la culpabilité ?

Romane vit avec Clémence, sa cadette hémiplégique et muette, dans leur immense maison familiale loin de tout. Plongée dans son travail, la jeune femme sent qu’elle néglige sa sœur dont elle est l’aidante. Un soir, elle passe la nuit avec Guillaume, un pompier professionnel. À son réveil, Guillaume fait la connaissance de Clémence. Touché par sa fragilité, il entreprend de la sortir de son isolement. Mais y a-t-il une place pour le jeune homme dans cette sororie marquée par la jalousie et la culpabilité ?

Entre maintien dans la dépendance et volonté d’autonomisation

Huis clos envoûtant, Méduse fait référence à de nombreux drames psychologiques qui jalonnent le cinéma, comme Répulsion de Roman Polanski ou Panic Room de David Fincher. Filmés au plus près, les trois acteurs habitent l’espace de cette maison, cocon lumineux, avec une grâce singulière. Sophie Levy montre avec beaucoup de justesse la relation qui se noue entre Guillaume et Clémence et la haine qui grandit chez Romane au fur et à mesure des progrès de sa cadette.

Une jeune fille à la fragilité ambiguë

C’est toute l’ambivalence de la relation à une personne handicapée qui est évoquée dans ce thriller intimiste. Cette part ténue entre le maintien dans la dépendance et la volonté d’autonomisation. Au risque de laisser s’envoler la personne et le sens qu’on donne à son rôle d’aidant.

Dans la peau de Clémence, la jeune actrice Anamaria Vartolomei tire grandement son épingle du jeu. Elle excelle à donner corps à cette jeune fille à la fragilité ambiguë sortant progressivement de son mutisme et recouvrant une part de sa motricité. Se reconnecter à sa propre vie quitte à perdre l’amour de sa sœur, tel est le dilemme auquel elle est confrontée. Elle illumine ce premier film de sa présence.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.