[Rendez-vous lecture du vendredi] Le sommeil, c’est bon pour le cerveau

Publié le 14 avril 2023 par Céline Roman
« Il faut peut-être devenir fou dans notre sommeil pour rester sain d’esprit au réveil », Allan Hobson, neuropsychiatre américain.

Nous passons un tiers de notre vie à dormir. Pourtant, notre société n’accorde pas suffisamment d’importance au sommeil. À tort, et c’est un scientifique qui l’écrit ! Sensibiliser sur son importance et sa préciosité, en nous exposant ce que la science en sait et pense en comprendre aujourd’hui, tel est l’objectif du livre Le sommeil, c’est bon pour le cerveau, du neurologue Steven Laureys.

Les chiffres sont éloquents : un accident de la route sur deux est lié à la fatigue. « La somnolence tue chaque jour. » Sans jouer le donneur de leçon, le Dr Steven Laureys souhaite lutter contre l’idée reçue selon laquelle le manque de sommeil constitue un exploit. Son ouvrage, Le sommeil, c’est bon pour le cerveau, révèle en quoi dormir n’est pas un pis-aller mais bel est bien une nécessité.

Jour-nuit, jour-nuit… : un rythme vital

Indispensable à notre santé physique et à notre bien-être mental, le sommeil est un mécanisme autorégulateur, un besoin fondamental et vital – y compris chez les animaux. Grâce à une horloge biologique interne, située dans l’hypothalamus, au cœur du cerveau, l’organisme suit l’alternance jour-nuit, appelée rythme circadien (sommeil-éveil). La lumière du soleil influence directement notre horloge. « On pourrait même dire que notre comportement est synchronisé avec l’énergie cosmique », explique l’auteur, tout en précisant que cela peut sembler quelque peu ésotérique bien qu’étant une réalité.

Pour comprendre le sommeil, il faut donc observer le cerveau et plus encore son activité électrique. Ça tombe bien, c’est exactement ce qu’a fait le Dr Laureys à l’aide de la neuro-imagerie. C’est au Cyclotron, à l’Université de Liège en Belgique, qu’il a étudié l’activité cérébrale de volontaires en plein sommeil. Ces derniers devaient s’endormir sur la table étroite d’un scanner, tout en portant un masque spécialement fabriqué pour l’occasion. Autant dire que ce n’était pas gagné d’avance. Et pourtant.

Le sommeil, entre découvertes et mystères

L’auteur fait d’ailleurs le récit de chaque avancée scientifique permettant d’approfondir nos connaissances sur nos nombreuses heures passées avec Morphée. Il nous permet de comprendre comment fonctionne les quatre phases du sommeil et ce qu’il se passe durant chacune d’entre elles dans notre cerveau. Il évoque avec précision et humour les phénomènes bizarres que sont le somnambulisme, les angoisses nocturnes, ou la paralysie du sommeil (une partie du cerveau est éveillée alors que celle qui commande les muscles ne l’est pas encore). S’attarde sur la passionnante phase du sommeil paradoxal et nous mène tout droit vers le rêve.

Chose étonnante : « Nous ne savons toujours pas pourquoi nous rêvons et comment expliquer ce processus. » Il semblerait que la science éprouve quelque difficulté avec la subjectivité des rêves. « Le chercheur, en tant qu’observateur externe, n’a pas accès à l’univers onirique et personnel des sujets qu’il étudie. » Pour autant, l’auteur est persuadé qu’il faut oser s’ouvrir aux mystères de cet étonnant espace virtuel, car il s’agit-là d’une « recherche sur la conscience humaine ». Bien qu’il en fasse état, là n’est pas le propos de ce livre. Alors en quoi le sommeil est-il bon pour le cerveau ?

Dormir et sa longue liste de bienfaits

La liste est longue et le sommeil ne s’arrête pas à une simple récupération physiologique. En effet, il est un aide-mémoire et permet de créer de nouvelles connexions cérébrales (mémorisation, apprentissage). En dormant, nous traitons les informations reçues durant la journée et assimilons ainsi de nouvelles compétences. C’est pourquoi, dormir est une activité essentielle au développement du cerveau des enfants. Elle assurerait même une meilleure récupération après un traumatisme cérébral. Le système lymphatique de notre cerveau, à l’effet antioxydant, est aussi 60 % plus actif la nuit. Autant dire qu’il effectue un grand nettoyage nocturne de ses toxines.

Crucial, le sommeil le serait aussi dans la conservation de certains souvenirs et dans l’évacuation de ceux inutiles. Il renforce également notre système immunitaire, sert à garder nos émotions à l’équilibre. Il garantit la production de l’hormone de croissance. « Les enfants grandissent littéralement pendant qu’ils dorment. » À l’âge adulte, cette hormone renforce nos masses musculaire et osseuse, régénère nos vaisseaux sanguins… Aucun doute donc, dormir constitue pour notre organisme « un besoin fondamental pour rester en bonne santé ».

Dormons-nous bien et suffisamment ?

En effet, les répercussions physiques du manque de sommeil s’avèrent nombreuses (affaiblissement des fonctions cognitives, augmentation de 45 % du risque de décéder d’une maladie cardio-vasculaire, risque accru de contracter une maladie aiguë ou chronique, troubles de l’humeur, hallucinations…). Et à chaque période de notre vie (bébé, adolescent, adulte), nous dormons différemment, plus ou moins longtemps, selon nos besoins. Il n’en reste pas moins que nous devons “veiller”, et sans jeu de mots aucun, à notre hygiène de sommeil.

À cet effet, l’auteur invite à évaluer celui-ci en répondant à cinq questions (échelle SATED). Il propose aussi de participer à un autotest pour déterminer notre tendance à la somnolence. Autant d’outils pour mesurer la qualité de nos nuits. Après quoi, il divulgue d’utiles conseils face aux difficultés, d’endormissement et autres (apnée du sommeil, narcolepsie, décalage horaire…) rencontrées – car « quelque 30 à 50 % de la population luttent contre l’insomnie ». Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, il ne fait en rien l’apologie des somnifères et leur préfère d’autres alternatives, comme les pilules de mélatonine (hormone du sommeil).

Dans une approche scientifique vulgarisée, riche en informations et en explications, cet ouvrage se révèle complet. Et si quelques répétitions sont à déplorer, elles sont tout excusées par une réelle volonté de vulgariser. Facile à lire et sans piquer du nez !

♦ Le sommeil, c’est bon pour le cerveau, Dr Steven Laureys, éd. Odile Jacob, 368 p., 22,90 €.

Comment 1 commentaire

j’ai beaucoup apprécié votre article concernant l’importance du sommeil et le livre du neurologue Steven Laureys, “Le sommeil, c’est bon pour le cerveau”. Vous avez réussi à présenter de manière claire et captivante les différents aspects du sommeil et son impact sur notre santé physique et mentale.

Les chiffres que vous mentionnez, comme le fait qu’un accident de la route sur deux est lié à la fatigue, sont alarmants et montrent à quel point il est essentiel de prendre soin de notre sommeil. J’ai été fasciné par les informations concernant le rythme circadien et l’influence de la lumière du soleil sur notre horloge biologique.

De plus, votre description des travaux du Dr Laureys et de ses recherches sur les phases du sommeil, ainsi que sur les phénomènes tels que le somnambulisme, les angoisses nocturnes et la paralysie du sommeil, m’ont donné un aperçu précieux de ces sujets. L’idée que le sommeil est essentiel pour la mémorisation, l’apprentissage et le développement du cerveau des enfants est particulièrement intéressante et souligne encore davantage l’importance d’un sommeil de qualité.

Enfin, votre article a également attiré mon attention sur les conséquences du manque de sommeil et l’importance d’une bonne hygiène du sommeil. Les conseils et les outils proposés, tels que l’échelle SATED et l’autotest de somnolence, sont des ressources précieuses pour ceux qui cherchent à améliorer leur sommeil.

Merci d’avoir partagé ces informations si importantes avec vos lecteurs. Votre article contribue à sensibiliser davantage de personnes sur l’importance du sommeil et à encourager un mode de vie plus sain.

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