[En salles] : Loup y es-tu ? ou l’imaginaire au chevet de la vie réelle

Publié le 13 septembre 2023 par Emma Lepic
Pour son film documentaire, Loup y es-tu ? Clara Bouffartigue a posé sa caméra, durant quinze mois, dans un centre médico-psycho-pédagogique parisien. © Morgane Production

En salles le 13 septembre, le documentaire Loup y es-tu, tourné dans un centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) parisien, traite des liens familiaux. À nouer autant qu’à dénouer. Avec le soutien de soignants qui usent de métaphores, de mots, de jeux, et surtout de beaucoup d’écoute pour parvenir à leurs fins. À leur image, le film se montre sensible, imaginatif, jamais voyeur.

« Les mains en l’air ! » ordonne un petit garçon. « On va lui ouvrir la tête pour la vider… », recommande un autre au sujet d’un enfant, créé de toutes pièces, rebelle. « Non, ne touchez pas à mon fils ! » lui rétorque une professionnelle. Au centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) Claude Bernard, à Paris, jeux de divertissement et jeux de rôle avec des soignants comptent parmi les outils d’accompagnement des enfants et adolescents qui le visitent.

Pendant quinze mois, Clara Bouffartigue y a posé son regard et sa caméra pour réaliser Loup y es-tu ?, un film documentaire, en salles le 13 septembre.

Absence de jugement, travail sur l’intime

Présente durant les consultations des familles qui l’ont acceptée, la réalisatrice offre ainsi aux spectateurs d’accéder à toute la palette déployée par l’équipe pluridisciplinaire pour soulager les souffrances psychiques des enfants, adolescents. Et aussi de leurs parents. En groupe, individuellement, seuls ou accompagnés de leur(s) père et/ou mère, les jeunes peuvent poser des mots sur leurs maux.

Les adultes, eux aussi, sont soutenus dans l’exercice de leur rôle de parents, sans jamais se voir critiqués. Juste invités à réfléchir. « Vous pouvez l’aider à grandir », propose une professionnelle à la mère d’Idris qui s’accommode très bien de le voir rester un bébé collé à elle. « Vous doutez de votre capacité de père et de dire quelque chose », observe un autre professionnel face au parent d’un enfant en proie à des difficultés qu’il exprime parfois par de la violence. Pas à pas, l’équipe s’attache à construire ou à rétablir des liens familiaux.

Et le documentaire suit ce travail sur l’intime. Il montre aussi les échanges entre pairs lors de réunions de groupe de jeunes encadrés par un psychologue, ou les interactions entre soignants dans le cadre de réunions d’équipe.

Jouer à se faire peur pour avoir moins peur

Sans jamais oublier pour autant de proposer une œuvre cinématographique. Où l’imaginaire, au travers d’images animées, et le réel tissent une toile. Comme un reflet de l’adolescence, cette période trouble et complexe, aux frontières mal dessinées, où s’érigent pourtant des ponts entre l’enfance et l’âge adulte.

Le titre du documentaire est un clin d’œil revendiqué par la réalisatrice au monde de l’enfance. Particulièrement au goût que l’on a alors de se faire peur pour se rassurer par la suite en retrouvant une réalité moins terrible. Il invite donc à l’optimisme. De même que cette confidence d’un participant précédemment très dépressif à un groupe de parole : « J’ai plus envie de mourir. Voilà, c’est tout. »

Loup y es-tu ?, film documentaire de Clara Bouffartigue, 85 minutes. En salles, le 13 septembre.

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