Petit Chasseur de fantômes [LCP] : L’autisme, une autre manière d’être au monde.

Le Petit Chasseur de fantômes suit la quête d’un père parti à la rencontre d’adultes présentant les mêmes troubles que son jeune fils, autiste léger, pour imaginer son avenir professionnel. Un très beau film, pédagogique, qui dessine un tableau tout en nuances du spectre de l’autisme, sans le réduire au handicap. À voir en ligne, en accès libre, jusqu’au 27 janvier.

La passion de Tom est envahissante. Le garçon de 12 ans passe des heures et des heures sur les images satellites de la France pour repérer des voies de chemin de fer en déshérence et des propriétés abandonnées. C’est son intérêt spécifique, comme disent les professionnels. L’une des manifestations des troubles du spectre de l’autisme.

Tom a été diagnostiqué lorsqu’il avait 2 ans : autisme léger à modéré. Aujourd’hui, il s’apprête à entrer en collège, dans une Ulis, une classe adaptée aux enfants handicapés. Et son père, Mickey Mahut s’interroge sur l’avenir professionnel de ce fils atypique. C’est le point de départ d’un film de 58 minutes à la première personne en forme de quête, Le Petit Chasseur de fantômes, co-réalisé avec Laurent Kouchner.

Des adultes autistes sans déficiences intellectuelles

Le réalisateur de profession part donc à la rencontre d’adultes autistes sans déficiences intellectuelles, comme Tom. Deux femmes et quatre hommes ayant trouvé leur place dans la société française, canadienne ou danoise. Matthias travaille dans un Ésat qui produit des spectacles. Martin contrôle les bagages, sur ordinateur, dans un aéroport. Mathieu est traducteur pour une grande enseigne.

« Il y a quasiment une forme d’autisme par personne autiste »

Au fil des entretiens, le documentaire dessine un tableau tout en nuances du spectre de l’autisme. « Il y a quasiment une forme d’autisme par personne autiste », résume Julie, chercheuse et autrice de La Différence invisible. Mais le montage habile met en lumière des traits communs, comme la difficulté à établir des relations sociales, le stress généré par l’inattendu, la répétition de certains gestes ou comportements… Un travail pédagogique d’utilité publique sur ces troubles qui concernent 1 enfant sur 100.

Quand la singularité devient une force

Mais le plus grand mérite du Petit Chasseur de fantômes est de ne pas les réduire à un handicap. Car l’autisme est d’abord une autre manière d’appréhender le monde, d’être aux autres. Le film n’élude pas les difficultés et les expériences discriminatoires qu’ont vécues ces femmes et ces hommes. Mais il montre que leur singularité peut devenir une force, un atout.

« Les gens qui sont trop pareils vont toujours avoir les mêmes solutions aux mêmes problématiques », souligne Valérie, graphiste indépendante à succès. Les entreprises ont donc intérêt à solliciter aussi des professionnels ayant une vision différente et qui pourront proposer « des solutions plus créatives et variées », plaide-t-elle.

La passion des cartes pour métier

Comme Tom, Elad a une capacité hors normes d’analyse des images satellites. Cet Israélien de 26 ans en a fait son métier. D’abord au sein de l’armée, dans une unité d’observation. Puis dans un service de l’administration foncière où il est notamment chargé de repérer, sur photo aérienne, des constructions illégales. « Avant, j’avais toujours l’impression d’être différent. Aujourd’hui, j’ai appris à être fier de qui je suis. »

Un film primé au Fipadoc

Opération doc propose, depuis début décembre, une sélection de 45 documentaires. Dont Le Petit Chasseur de fantômes, récompensé du Prix du public Ina Madelen au prestigieux festival Fipadoc, en janvier 2023. Le film, qui a d”abord été diffusé sur LCP en octobre 2022, est disponible en accès libre jusqu’à la fin du Fipadoc 2024, le 27 janvier.