[Lecture du vendredi ] “Les yeux de Mona”, ou l’éveil à l’art comme passerelle vers le bien-être

Publié le 2 février 2024 par Elise Jeanne

Si vous appreniez qu’il ne vous reste plus qu’un an avant de perdre la vue, que feriez-vous ? Et si cela arrivait à l’un de vos proches, un enfant ? Dans son roman, Les yeux de Mona, sorti le 1er février, Thomas Schlesser raconte une histoire d’initiation à l’art et à la vie.

Mona, fillette de dix ans, perd la vue peu à peu. Puits de science en matière d’histoire de l’art, son grand-père a choisi lui faire découvrir, chaque mercredi après l’école, les œuvres les plus merveilleuses de trois musées parisiens. Érudit et fantasque, il l’emmène ainsi au Louvre, à Orsay et à Beaubourg, à le rencontre, chaque fois, d’une oeuvre d’art. Son objectif  ? Qu’elle emporte dans sa possible nuit « la beauté du monde ». C’est sa manière à lui d’accompagner la thérapie de Mona, censée aller chez un pédopsychiatre à ces moments-là. Et c’est l’astuce littéraire, de l’auteur, professeur d’histoire de l’art à Polytechnique, pour, à travers cet épais roman, nous initier nous aussi à l’art, à la contemplation, à exprimer un ressenti… De grandir culturellement et personnellement. Et de soigner notre âme.

Un beau voyage initiatique

Hélas, la lecture de ce précipité mental et philosophique entre une fillette et un grand-père hors-norme, peut laisser sceptique. Apparemment et paradoxalement dotée d’un œil absolu, comme d’autres ont l’oreille absolue, Mona peut apparaître parfois trop intelligente pour son âge. De plus, la mécanique d’écriture redondante à chaque chapitre et la manière simpliste de conduire le récit peuvent lasser.

Reste un fil rouge touchant et un beau voyage artistique. Notamment grâce à la bonne idée d’avoir glissé dans la jaquette des images des 52 œuvres citées, permettant ainsi de les visualiser.

Surdité de Goya, quasi cécité de Monet

Reste aussi d’appréciables références à ces artistes dont le handicap a sublimé les qualités : la main tremblante de Poussin, la surdité de Goya, les infirmités de Toulouse-Lautrec, le trouble de la vue de Rodolphe Töpffer…  Sans oublier Claude Monet quasi aveugle dans sa vieillesse, ou encore Hans Hartung qui perdit une jambe au combat et réinventa en conséquence sa technique et sa gestuelle.

Les yeux de Mona, Thomas Schlesser, éd. Albin Michel, 496 p, 22,90 €.

Comment 1 commentaire

Savoir qu’un tableau peut vous émouvoir au point d’en avoir un ou deux préférés parmi les centaines de chefs-d’œuvre qui existent dans les musées du monde entier, hé bien cette œuvre vous fait du bien et reste un plaisir intact au fil de votre vie. C’est pourquoi je suis triste de ne pas avoir pu voir l’expo Van Gogh au Musée d’Orsay avec leur insupportable système de réservation avec un appareil numérique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.