[Lecture du vendredi] : J’ai marché sur la planète ESAT, un autre regard sur le milieu protégé

Publié le 16 février 2024 par Claudine Colozzi

Après avoir été manager dans une entreprise, Julian Baylon (un pseudo) a dirigé un Établissement et service d’aide par le travail pendant sept ans. J’ai marché sur la planète ESAT est le témoignage de sa rencontre avec le monde du handicap. À rebours des récentes critiques sur ces Ésat, il présente une réalité bien différente. Sans évacuer certains blocages et aberrations, il donne des clefs de compréhension de ce secteur.

Un « témoignage de l’intérieur, mais également en surplomb, avec le regard objectif que favorise ma posture sereine de désormais retraité. » C’est ainsi que Julian Baylon présente son livre. Un éclairage inspiré de sa propre expérience sur ces ateliers « décrits parfois sombrement ». Depuis quelque temps, différentes voix s’élèvent pour dénoncer les conditions de travail et le manque de considération des travailleurs d’Ésat. Cet ouvrage propose, selon son auteur, un « portrait réaliste d’un univers qui m’a été étranger et pour qui j’ai été étranger ».

Endosser le costume de directeur d’Ésat

Julian Baylon a choisi de narrer les premiers jours de son intégration sur la « planète ESAT ». Venant de l’audit et du conseil, il raconte comment il s’est glissé dans le costume de directeur. « [Ce] costume habille une mission, un engagement au service de personnes vulnérables qui sont accompagnées vers l’autonomie. (…)  Certains peuvent se laisser aller à emprunter, sans bien en prendre la mesure, le costume du manager d’entreprise pur et dur. Or il taille mal en Ésat. Le prêt à porter gestionnaire manque en effet de souplesse pour être seyant dans le milieu du handicap. » Il a donc dû revoir ses priorités et s’adapter à un secteur avec des contraintes différentes.

Retraite et rémunération

Au fil des chapitres, l’auteur soulève différentes questions pertinentes. Ainsi, les Ésat « accompagnent les gens pendant des années et à l’âge du départ à la retraite, ciao. C’est un peu raide, non ? On ne peut pas dire que le travail adapté débouche sur une retraite adaptée. » Lors des discours de départs à la retraite, lui vient cette réflexion : «  La préparation à la retraite ne doit-elle pas participer à part entière de la vie à l’Ésat ? L’impréparation des travailleurs n’interroge-t-elle pas aussi la responsabilité morale de [ces établissements] ? De même la rémunération peu stimulante et l’impossibilité de la cumuler avec la totalité de son AAH.

J’ai marché sur la planète ESAT. Le face à face culturel, Julian Baylon, Coëtquen Éd., 224 p., 18 €.

 

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