[En salles] Sur L’Adamant : garder le cap malgré les tempêtes

Publié le 19 avril 2023 par Claudine Colozzi
Muriel explique aux autres membres de l'atelier pourquoi elle a intitulé sa peinture : La vie, l'amour, la mort. @ Les films du losange.

Pour son nouveau documentaire, Ours d’or au dernier Festival de Berlin, Nicolas Philibert a posé ses caméras dans un centre de jour flottant qui accueille, depuis 2010, des personnes atteintes de troubles psychiques. En salles le 19 avril, Sur L’Adamant nous embarque à la rencontre de ces femmes et de ces hommes trop souvent stigmatisés dans notre société. Un cinéma humaniste qui met un coup de projecteur sur une initiative positive, sans en édulcorer les limites.

« Je veux vous parler de l´arme de demain. Enfantée du monde elle en sera la fin. Je veux vous parler de moi, de vous. » Face à la caméra, François chante La Bombe humaine du groupe Téléphone. L’homme se concentre sur les paroles de sa chanson, dont le sens résonne avec la maladie mentale. Nous sommes sur L’Adamant, une péniche en bois amarrée à deux pas de la Gare de Lyon, à Paris. Un centre de jour flottant, unique en son genre, qui accueille depuis 2010 des personnes souffrant de troubles psychiques.

C’est dans ce lieu atypique que le documentariste de Nicolas Philibert a choisi de tourner son nouveau film. Patients et soignants s’y retrouvent pour des ateliers. Un cadre de soins structurant à travers des pratiques artistiques. Histoire d’aller mieux, de reprendre confiance en soi, de lutter contre ses angoisses. Car, à bord de L’Adamant, le soin passe par l’écoute et l’échange. Malgré les incohérences, les troubles obsessionnels compulsifs, les mêmes histoires abracadabrantes ressassées à l’infini.

Responsabiliser et émanciper au lieu d’infantiliser et d’étouffer

Dépourvu de commentaire explicatif, ce film nous conduit à nous attacher à ces personnalités. On découvre leur humour, leur bizarrerie, leur poésie, leur vulnérabilité. S’il est un fait certain que la situation de la psychiatrie publique s’est considérablement dégradée, Nicolas Philibert choisit de montrer une initiative originale, plutôt que de dénoncer. Un lieu où des patients trop souvent stigmatisés voire invisibilisés sont considérés. Où le personnel encadrant tente de responsabiliser et d’émanciper au lieu d’infantiliser et d’étouffer.

Sur L’Adamant, Ours d’or au Festival de Berlin

En lui décernant L’Ours d’or au dernier Festival de Berlin, la présidente du jury Kristen Stewart a eu ces mots très justes. « Depuis des milliers d’années, on tourne en rond pour essayer de définir ce qui peut être considéré comme de l’art, qui est autorisé à le faire, ce qui en détermine la valeur… Ce film place la réflexion, le sentiment, le son et l’image relatifs à ces questions à un niveau profond, à un niveau humaniste (…) C’est la preuve cinématographique de la nécessité vitale de l’expression humaine. » Dans la lignée des films précédents du réalisateur de Être et avoir, Sur L’Adamant donne à voir une vision de l’humanité cabossée mais debout.

 

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